20 février 2006

 

Une pépite cachée derrière le CPE

Le projet de loi sur l'égalité des chances fait beaucoup parler en raison du CPE qui y a été subrepticement intégré et de l'utilisation de l'article 49-3 de la Consittution pour le faire passer. Ce projet de loi ne mérite surement pas tant d'honneurs tant il est mal fichu. C'est un véritable fourre-tout qui rappelle un peu l'abominable loi dite de "modernisation sociale" qui restera comme l'ultime contribution du parti communiste à la bureaucratisation de la France.

On y trouve un peu de tout: des mesures pour étendre les zones franches, un service civique facultatif, la légalisation du testing à l'entrée des boites de nuit, un contrat de responsabilisation des parents, l'apprentissage à 14 ans... et, bien sûr, un nouveau machin: une Haute Autorité pour l'Egalité des Chances (Xavière Tibéri y écrira-t-elle des rapports?)

Le seul fil directeur du projet de loi c'est la croyance dans l'idée qu'il est possible de résoudre les problèmes des banlieues en votant des lois. Si ça les amuse.

Il se cache plusieurs perles dans ce texte. Voici la plus belle, dans l'exposé des motifs:

"création auprès du Centre National Cinématographique d'un fonds spécifique doté de 10 Millions d'euros pour financer les oeuvres qui contribuent à la cohésion sociale"

C'est pas perdu pour tout le monde, l'égalité des chances! Nous aurons donc des fonctionnaires qui examineront des projets de films, qui évalueront si ces projets sont idéologiquement conformes et qui leur attribueront, le cas échéant, des subsides. Qui peut douter que cela permettra de grands progrès sur le front de l'égalité des chances?

L'union soviétique n'aurait pas fait mieux.

Bien entendu tout cela se fera dans la plus parfaite opacité... Bien entendu le public ignorera ces films, ce dont se gargariseront les tenants de l'art subventionné (ce n'est pas pour le populo!)... Bien entendu toutes les subventions iront aux 200 familles qui s'accaparent le cinéma français de père en fils... Bien entendu la réalisation des films en question sera délocalisée dans les pays de l'Est... Et bien entendu la prochaine fois que le Ministre de la Culture se fera insulter en public lors de la cérémonie des César par des Che Guevarra en robe Yves-Saint-Laurent, il continuera à sourire benoîtement.

Pour les hommes politiques, le plaisir de parader en smoking sur le tapis rouge des marches du festival de Cannes n'a décidément pas de prix! Du moins tant qu'on peut payer avec de l'argent public ou avec le soupçon d'honneur qu'il leur reste...
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14 février 2006

 

Et le "professionalisme" Bernard!

Samedi à l'issue d'un match du tournoi des VI nations péniblement gagné contre l'Irlande, Bernard Laporte, l'entraineur de l'équipe de France, a utilisé une ruse vieille comme le monde pour que la question de sa responsabilité dans le piètre jeu développé par l'équipe de France ne soit pas au centre des débat: il a provoqué un scandale artificiel en traitant les spectateurs de "bourgeois de merde" parce qu'ils avaient eu l'outrecuidance de sifler (timidement) Fréderic Michalak à sa sortie du terrain sur remplacement. Et ça a marché comme sur des roulettes, on a beaucoup plus parlé de cet écart de langage que du fait que l'entraineur du XV de France avait aligné Michalak alors que celui-ci était diminué par une blessure aux aducteurs.

J'étais au stade et, sur le coup, j'ai trouvé le public sévère, même si Michalak avait balancé une série de coups de pieds dévissés assez lamentables en deuxième mi-temps. Je n'ai donc pas participé à la bronca contre Michalak et je ne le regrette pas. En revanche j'ai participé à la bronca contre Bernard Laporte lors de l'annonce de la composition des équipes, et je ne le regrette pas non plus. Je n'aime pas la façon dont Laporte fait jouer l'équipe, et je ne vois pas au nom de quoi je me priverais de le dire.

Pour justifier le manque d'ambition et de panache du jeu pratiqué par les bleus depuis sa prise de fonction, Laporte a pour habitude de se réclamer du professionnalisme. Apparemment, pour lui, être professionnel cela consiste à faire en sorte que le public s'ennuie au stade. Drôle d'idée.

Je pense qu'il serait bon de rappeler à Laporte une autre conséquence du professionnalisme, beaucoup plus réelle celle-là. Dans le sport amateur, les athlètes sont rois. Mais dans le sport professionnel, c'est le public qui est roi, car c'est lui qui fait tourner la boutique. Et oui, Bernard, si tu peux invoquer le professionnalisme à chaque fois que tu croises un micro, c'est grâce à ce public de "bourgeois de merde" comme tu dis! Tu ferais bien de t'en souvenir...

Ajoutons que si Laporte n'est pas satisfait de la sociologie du public, il devrait commencer par le dire à son patron, le président de la fédération. En effet, c'est lui qui est responsable du tarif très élevé de la moindre place et , beaucoup plus grave, c'est lui qui est responsable de la distribution d'une très large partie des places aux sponsors de la fédérations et à toute sorte de réseaux, ce qui a trois conséquences:
- D'abord le stade est rempli de "VIP" qui connaissent à peine les règles.
- Ensuite les passionnés ont le plus grand mal à trouver des places en vente
- Enfin le marché noir prospère au abords du stade car plein de gens se retrouvent avec en main des tickets pour un spectacle qui ne les intéresse pas.

Allez je l'avoue, Bernard Laporte m'exaspère, comme tous les fortiches de la communication. Mais je ne lui en veux pas et je me mets dès à présent en quête de deux places pour le match contre l'Angleterre! Le public ne l'aime pas et il n'aime pas le public, c'est comme ça. Tant qu'il n'insulte pas les arbitres, l'honneur est sauf!
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10 février 2006

 

Villepin, le comble!

J'ai un a priori très défavorable contre Villepin depuis bien longtemps et je ne m'en cache pas. J'ai toujours considéré que ce personnage n'était qu'une imposture médiatique, une sorte de Ségolène Royal de droite. Tout en lui est faux:
- Son soit-disant talent d'écrivain célébré à longueur de colonne dans les journaux suite à la parution du "cri de la gargouille", essai poussif où le décalage entre les envolées lyriques et la platitude des propos est tel que cela en devient illisible.
- Son parcours de "grand serviteur de l'Etat" dont personne n'a jamais su nous dire quels si grands services il avait bien pu rendre!
- Sa légitimité politique, proche de zéro puisqu'elle ne lui vient que de Jacques Chirac dont il est la créature comme on aurait dit sous l'ancien régime.
- Et jusqu'à sa popularité en bois que chantent les médias mais que Ceteris Paribus démonte avec une belle régularité.

(il parait que même sa particule est bidon, mais ça, je m'en moque)

Depuis qu'il est Premier ministre je l'écoute enfiler les perles sans trop réagir, quelque peu fasciné par le numéro d'un artiste qui croit tout diriger alors que personne ne l'écoute.

Mais ce matin il passe vraiment les bornes. Après avoir fait le mariolle sur un marché à Toulon, il a commenté la pitoyable croissance de la France en 2005 publiée aujourd'hui par l'Insee dans les termes suivants "tout indique que la croissance est solidement repartie en ce début d'année."

N'importe quoi. Depuis 4 mois il ne cesse de nous répéter que le bon chiffre du 3e trimestre 2005 (+0,7%) est une preuve que "ça repart" et aujourd'hui il nous dit que le chiffre calamiteux du 4e trimestre (+0,2%) ne remet rien en cause.

Et il insiste le bougre! "Il s'agit d'estimations dites précoces et nous avons souvent vu dans le passé ces estimations corrigées (...) Attendons confirmation, il ne faut pas saisir ces estimations et les prendre pour argent comptant" dit-il a propos des chiffres du 4e trimestre 2005. Et il ajoute "Ce que je peux dire parce que ce sont les témoignages que nous recevons et ce sont les indications croisées que nous avons, c'est que tout indique que la croissance est solidement repartie en ce début d'année"

Et oui, les statistique de l'INSEE sur ce qui s'est passé il y a trois mois sont trop récentes pour être crédibles, mais les estimations à la louche du gouvernement sur ce qui s'est passé il y a deux semaines sont des preuves indiscutables.

Ce type est un bouffon, il ne mérite aucune indulgence. La débacle annoncée de son gouvernement sera la parfaite conclusion de 12 ans de chiraquisme, le dernier acte d'une farce tragique.
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09 février 2006

 

Bravo Carlos Ghosn

Je n'ai aucune compétence pour porter un jugement sur les choix stratégiques annoncés ce matin par Carlos Ghosn pour Renault.

Mais je voudrais saluer ici un joli coup.

Le nouveau PDG de Renault a invité la presse ce matin à... 8h! Et oui, à l'heure où les ouvriers de Renault prennent leur poste et non à celle où les journalistes assistent en général à leur première conférence de presse de la journée, c'est à dire vers 11h.

ça a du ronchonné sec dans les rédactions mais ils étaient tout de même des centaines. C'est beau le pouvoir d'une star!

Si cela pouvait être le signe que Carlos Ghosn attache plus d'attention aux employés qui font tourner sa boîte qu'à ses conseillers en communication...
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08 février 2006

 

Incorrigibles

Ou devrais-je dire incurables?

Les journalistes publient des articles sur l'audition du juge Burgaud devant la commission parlementaire avec des titres aussi définitifs que "le grand oral raté de Fabrice Burgaud" et ce alors que l'audition n'est même pas finie!

On ne compte plus le nombre d'articles qui s'étonnent que le juge Burgaud n'ait pas présenté d'excuses aux inculpés. Combien de journaux ont présenté des excuses après avoir fait une couverture baclée, à sens unique, voyeuriste, à la recherche de détails sordides... ?

Le juge Burgaud est un homme qui a fait de terribles erreurs, sans doute, mais il exerçait ce qu'on appelle des responsabilités. Un concept qui échappe manifestement à la caste journalistique.
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02 février 2006

 

Surtout, pas de spontanéité !

Lorsqu’on lui pose une question, le politicien français n’imagine pas faire une réponse qui ne comporte pas:

- un message politique.

- une preuve de son intelligence supérieure

- une astuce pour déjouer un piège (le plus souvent imaginaire)

Belle démonstration de François Hollande hier soir sur France Info à l’occasion de la dernière question d’une interview par ailleurs assez pathétique :

Question du journaliste : « M. Giscard d’Estaing fête demain ses 80 ans. Qu’avez-vous envie de lui dire ? »

La question est puissamment stupide, mais ça n’aurait pas empêché n’importe quelle personne normalement constituée de répondre : « euh… Bon anniversaire. »

Au lieu de cela François Hollande est parti dans une tirade grotesque dans laquelle on trouve :

- Un poncif démago : « 80 ans c’est un bel âge »

- Une pure ânerie : « peut-être a-t-il eu le tort d’être élu trop jeune »

- Une méchanceté gratuite : « il y a un moment ou on a eu (sic) sa vie politique derrière soi »

Comment peut-on faire confiance à des gens aussi tordus ?

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01 février 2006

 

CPE et inégalités

Le débat fait rage autour du CPE. Notamment sur les blogs.

L'argument central des opposants au CPE consiste à dire que le CPE est moins avantageux que le CDI. C'est indiscutable. De même qu'il est indiscutable de dire que le CPE est plus avantageuxque le CDD.

Or 70% des moins de 26 ans qui ont un emploi ont signé un CDD. Seuls 30% ont un CDI.

Pour une grande majorité de ceux qui ont un travail le CPE est donc plus une opportunité qu'un risque. Sans parler des 23% qui n'ont pas de contrat du tout et qui n'ont donc pas grand chose à perdre dans l'affaire.

Incidemment on peut remarquer que plus la situation d'un jeune est précaire ou difficile plus il peut espérer voir sa situation s'améliorer grâce au CPE. De là à dire que le CPE c'est prendre aux riches pour donner aux pauvres, il y a un pas que je ne franchirai pas, de peur de me retouver référencé sur le blog du Sénateur Mélenchon.

La question du CPE rejoint donc celle du "modèle antisocial français." Veut-on protéger toujours plus des insiders dejà très bien lotis ou offrir des possibilités à des outsiders de plus en plus nombreux?
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