27 juin 2006

 

Retour par le foot

Après près de deux mois d'absence, mon retour sur ce blog est motivé par le fait qu'Emmanuel de Ceteris Paribus et Versac m'aient tous deux fait l'honneur d'un commentaire sur la note précédente (note intemporelle, il est vrai.) Deux de mes bloggeurs favoris qui viennent chez Sindelaar, ça fait bien plaisir!

Pour justifier une si longue absence je pourrai invoquer la surcharge de travail qui m'accable en ce moment. Mais ce serait une excuse digne d'un joueur de l'équipe de France un soir de match nul contre la Suisse. Au diable les apparences, c'est la coupe du monde qui mange mon emploi du temps, rien d'autre!

Puisque 100% de mon temps de cerveau disponible est accaparé par la compétition, la note du jour y sera consacrée, sous la forme d'une succession de billets d'humeur sans lien logique, sans volonté de démonstration, sans plan. Et oui, le foot ça rend con. J'assume totalement.

Pronostic
Il faut bien commencer par le plus douloureux... Avant la compétition je misais sur une victoire de l'Angleterre. Pas par sympaathie, bien sûr, mais en conclusion du raisonnement suivant: c'est au milieu de terrain que se gagnent les grands matchs et dans ce secteur du jeu l'Angleterre possède un quatuor
à mon avis sans équivalent (Lampard - Beckham - Cole et surtout Gerrard). Bien entendu, fort de cette analyse de café du commerce, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le fanfaron et d'annoncer partout l'inévitable triomphe des joueurs de sa gracieuse majesté. Et depuis... A chaque match ils tombent un peu plus bas, et ma réputation de fin connaisseur du sport-roi avec eux... Jamais je n'aurais pensé assister à un spectacle aussi affligeant que le dernier Equateur-Angleterre... Décidément, on ne peut pas faire confiance aux Anglais.

Mondialisation
C'est une lapalissade, le football est un symbole de la mondialisation triomphante. Des règles identiques partout, une passion partagée sur tous le continents, un évènement multiculturel par excellence (qui d'autre pourrait réunir 11 Togolais et 11 Coréens en Allemagne?)... Tout cela est évident.

Tout aussi évident, mais moins rabbaché, la mondialisation du football est un grand succès européen! C'est un sport inventé par les européens, négligé aux Etats-Unis, dont toutes les vedettes jouent dans les clubs du vieux continents, qui est un vecteur culturel puissant... et qui s'est exporté partout. C'est bien la preuve que nous ne devons pas avoir peur de la mondialisation, mais plutôt nous convaincre que quand nous sommes bons, nous pouvons en faire le théatre de nos succès.

La France-Makélélé après le Brésil-Dunga?
Claude Makélélé a donc été désigné meilleurs joueur de l'équipe de France après le piteux France-Suisse. Quelle horreur. Comment a-t-on pu tomber si bas? La France n'est pas un pays de football, certes, mais de là à faire un modèle d'un joueur qui ne sait pas faire une ouverture en profondeur, ni une feinte quelconque, ni bien sûr déborder, centrer ou tirer au but... C'est affreux.

Au début des années 90 le Brésil, marqué par deux échecs d'équipes magnifiques en 82 et 86, avait décidé de renoncer au football spectacle. Un joueur symbolisait cette évolution: Dunga. Il jouait au même poste que Makélélé et, s'il n'atteignait pas l'indigence du joueur de Chelsea, il incarnait pour les Brésiliens la culture du résultat au dépend de la créativité. Les détracteurs de cette évolution parlaient de Brésil-Dunga. L'expérience fut un désastre: en 90 le Brésil obtint son pire résultat dans l'histoire de la coupe du monde: éliminé en 8e de finale sur une inspiration de Maradona. Mais Dunga eut sa revanche 4 ans plus tard avec une victoire étriquée mais bien réelle obtenue grâce aux talents conjugués de Romario et Bebeto.

Makélélé aura-t-il sa revanche le 9 juillet? Elle n'aura en tous cas pas la même saveur que celle de Dunga puisque je semble être son seul détracteur alors que le Brésilien était devenu un coupable au yeux de 180 millions de Brésiliens (et de centaines de millions d'admirateurs nostalgiques du brésil de 1970 et 1982). C'était enidemment injuste, il n'était que le symbole de ce mode de jeu, pas le responsable. De même que mes critiques envers makélélé sont sans doute injustes tant il est vrai que ce type de joueur est utile à l'équilibre d'une équipe. Ce qui me désole c'est qu'on en face le symbole de l'équipe sans même se rendre compte de ce que cela signifie en terme de qualité de jeu.

Le foot, c'est la guerre?
Volontier chauvin en général, je ne supporte pas les imprécations nationalistes qui consistent à qualifier de traître tout citoyen qui ne supporte pas aveuglement son équipe. De deux choses l'une. Soit le foot, c'est la guerre et alors il faut en effet soutenir notre armée, pardon notre équipe, sans barguigner parce que le salut de la patrie en dépend. Soit le foot, c'est un peu plus qu'un jeu, certes, mais ce n'est pas la guerre, et alors si le public a envie de siffler l'équipe de son pays parce qu'il ne l'aime pas (pour de bonnes ou de mauvaises raisons), au nom de quel intérêt supérieur s'en priverait-il?

Tout ça pour dire que l'attitude de Chirac
hier soir, lorsqu'Arlette Chabot lui posa sa question téléphonée comme une passe de Makélélé, était déplacée.

Les américains et le foot
Pourquoi les américains échappent-ils à la folie du foot? Comment expliquer que ce pays peuplé par des immigrants venant de pays où le foot est le sport roi ne lui accorde qu'une place secondaire sur l'échiquier du sport de haut-niveau? Un début de réponse m'a été apporté par un ami américain la semaine dernière: pour le public US l'influence de l'arbitre sur le résultat du match est insupportable. Une phrase comme "les erreurs d'arbitrage font partie du jeu", si souvent entendue en Europe, serait considérée outre-atlantique comme une intolérable acceptation de l'injustice. Comment accorder une telle importance à un sport dans lequel le meilleur ne gagne par forcément? Pragmatique, les Américains ont apporté leur réponse: ils pratiquent massivement le football comme loisir, mais ne s'intéressent absolument pas au football comme sport de haut-niveau.

L'arbitrage et les Hollandais
Fidèle à une tradition bien établie, l'équipe des Pays-Bas est composée d'une bande de voyoux et de tricheurs arrogants (voire puants) qui gâchent leur réel talent en multipliant les mauvais gestes. Agression systématique du meilleur joueur adverse, provocation en tout genre, simulation, anti-jeu, discussion permanente avec l'arbitre... tout y passe... et avec un petit air de supériorité satisfaite qui fait que chaque élimination des Oranges est un bonheur en soi.
Cette année, tous les records ont été battus, la brillante Cote-d'Ivoire y a perdu ses espoirs et l'une des plus belles affiches des 8e de finale (Pays Bas - Portugal) s'est transformée en une honteuse bataille de rue. Il faut dire, quelle constellation de tricheurs! Tous les plus beaux spécimens européens réunis dans la même équipe! Le boucher Boulharouz, l'abject Van Bommel, l'infame Cocu, et leur maitre à tous M. "20-coups-de-coude-et-10-plongeons-par-match" j'ai nommé Ruud Van Nilsterroy!

Le comble c'est que dans tous les journaux, sur toutes les chaines de télé, les commentateurs du fameux Pays-bas-Portugal accablent... l'arbitre! Le pauvre gars, tout seul au milieu de cette meute de bandit-multimillionaires qui ont juré de pourrir le match, que diable pourrait-il faire?

Sans surprise
La surprise dans cette coupe du monde, c'est qu'il n'y en a pas (avec des phrases pareilles j'aurais pu faire carrière à l'Equipe!) Le tableau des quarts de finale sera extrêmement proche du tableau "théorique" (C'est-à-dire avec les 8 têtes de série) A l'heure ou j'écrit, seule l'Ukraine à réussi à s'y faufiler en raison de la défaillance de la France qui est sortie 2e de son groupe et qui a laissé la Suisse défier l'Ukraine en 8e.

En général en coupe du monde il y a toujours une ou deux équipes surprises en demi-finale (Belgique 86, Bulgarie 94, Croatie 98, Corée et Turquie 2002...) puis les choses rentrent dans l'odre en finale ou s'affrontent deux "grands" pays (les anciens vainqueurs, parfois troublés par le pays organisateur).

Prenons un pari audacieux: pour compenser le déficit de surprise des premiers tours nous aurons cette année un vainqueur surprise, c'est à dire un pays qui n'a encore jamais gagné. A l'heure ou j'écrit il reste donc l'Ukraine, le Portugal et l'Espagne. Je mets une petite pièce sur les coéquipiers de Figo.

Allez l'Allemagne!!!
Et oui! Je ne pensai pas que cela m'arriverait un jour mais contre la Suède, j'encourageais les Allemands. Pour deux raisons. D'abord parce qu'il jouent bien! Klinsmann a réussi une incroyable révolution culturelle en abandonnant le traditionnel système avec un libéro, ce qui libère un joueur de plus en phase offensive. Ensuite parce que cette coupe de monde est magnifiquement organisée et qu'il faut espérer que la fête continue au même rythme le plus longtemps possible. Pour cela, rien de tel qu'une bonne performance du pays organisateur.

Poissards ou bidons? Les deux mon général!
Patrick Viera a eu une belle formule pour caractériser l'équipe de France. A l'heure qu'il est, a-t-il dit, on ne sait pas si nous sommes "poissards ou bidons." Poissards, c'est sûr! En effet, on ne peut pas dire qu'ils ont été gâté depuis le début de la compétition: un but valable refusé par match, ça fait quand même beaucoup! Bidon ça reste à établir mais franchement il faudrait un véritable miracle pour nous convaincre du contraire. Car même malchanceux, la façon dont ils sont sortis d'un groupe G tragiquement faible ne laisse rien augurer de bon. Surtout quand on sait que Domenech a soigneusement exclu tous les remplaçants de talent de sa liste des 23 pour éviter les tensions avec les titulaires...

Révons un peu
Sauf miracle, la France ne gagnera pas la coupe de monde. Pour autant elle peut encore réussir à marquer l'histoire du jeu. Voici mon scénario idéal: ce soir on bat l'Espagne d'une manière ou d'une autre (pourquoi pas aux tirs au but?). Et Samedi soir Zidane achève sa carrière à l'occasion d'un remake du match de sa vie: France-Brésil. Domenech, pris de folie, alligne une équipe avec un seul milieu récupérateur (Viera) Trois créateurs (Dhorasso, Zidane Ribéry) et deux attaquants (Trezeguet, Henry) Le Brésil fais sensiblement de même et le spectacle est étourdissant... Le public vibre jusqu'au bout du suspense et on rentre chez nous avec les honneurs et des souvenirs plein la tête.



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