09 octobre 2005

 

SNCM: remboursez les aides!

D'après un éditorial des Echos, la SNCM a touché 1,2 Milliards d'Euro de subvention publique en quinze ans, soit 500 000 Euro par employé. Etonnament, notre Premier Ministre, si prompt à demander le remboursement du million d'euro d'aide accordé à HP, ne s'en est pas offusqué. Nous nous dirigeons pourtant - a moins que le gouvernement ne s'abaisse encore plus - vers un dépot de bilan de la SNCM, et donc vers un plan social concernant 2400 salariés. On ne peut donc pas dire que les "objectifs sociaux" soient atteints. Sans parler des objectifs économiques. Dans ces conditions l'infâme actionnaire ne devrait-il pas rembourser les aides indûment perçues?

Bien entendu, ce n'est pas sérieux. L'actionnaire étant l'Etat lui-même, il ne peut pas s'autorembourser - encore qu'avec un soupçon "de créativité comptable" on puisse tout imaginer. Mais n'est-ce pas sous cet angle provocateur que la question doit être posée?

Quand Villepin réclame le remboursements des aides accordées à HP il sait que c'est juridiquement absurde et socialement grotesque (le plan social coutera 200 millions d'euro à HP) mais il fait passer le message que ces aides n'étaient pas méritées et que si on avait su, on ne les aurait pas accordées. Je pense qu'il a tort, des milliers d'emplois très qualifiés dans un secteur de hautes technologies pendant une décennie, il me semble que ça vaut bien un petit million. Mais là n'est pas la question: revenons sur le cas de la SNCM. Si on avait su comment se finirait cette farce, aurait on accordées les aides? Bien sûr que non! pensera le lecteur plein de bon sens... Bien sûr que si! lui rétorquera l'observateur avisé des lachetés du pouvoir...

C'est le second, évidemment, qui a raison. Depuis des années tous les Ministres des transports qui se sont succédés savaient que la SNCM était vouée à l'effondrement. Tous, de droite et de gauche, ont préféré payer plutot que d'affronter des syndicats devenus fous. Des syndicats sans cesse enhardis, qui n'hésitaient pas à réclamer - et à obtenir - un jour de repos pour chaque jour passé en mer, la corsisation des emplois, une priorité de recrutement accordée aux enfants des employés... et tout cela, il va sans dire, au nom de la défense du service public. Pourquoi se géner quand ceux qui sont censés défendre l'intérêt général ont démissionné?

Par miracle, la commission européenne est arrivée, tel zorro, pour mettre un terme à cette spoliation nationale. Bonne fille, elle accepte même de servir de bouc émissaire aux complices silencieux de ce fiasco.

Le contribuable sait qu'il ne reverra jamais les subventions englouties par la SNCM. Il lui reste à espérer que la commission-zorro ne baissera pas les bras et portera bientôt le fer partout où les corporatismes ont fait plier l'Etat. Il y a du boulot!


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