12 août 2007

 

Nouveau maillot de l'equipe de France de rugby: quelle horreur!

Je n'ai pas pu regarde le match de Rugby France-Angleterre, mais les quelques images que j'en ai vu sur le web m'ont suffi pour decouvrir l'abominable nouveau maillot du XV de France.

Attention, il ne s'agit pas d'un jugement esthetique, certains trouveront cette tenue superbe, d'autres la trouveront affreuse, ce sont les gouts et les couleurs. Le probleme c'est que cette tenue n'est pas aux couleurs de l'equipe de France! Depuis un siecle l'equipe de France joue avec un maillot bleu roi, un short blanc et des chaussettes rouges (par un etonnant hasard il se trouve que ce sont aussi les couleurs du drapeau francais...) Or la nouvelle tenue est uniformement bleu fonce, presque noir.

C'est totalement ridicule!

Attention a nouveau, je ne blame pas l'equipementier, Nike, qui ne fait qu'appliquer une strategie marketing: en changeant la couleur du maillot francais il espere pousser les fans qui possedent un vieux maillot a acheter le nouveau. C'est l'attitude de la federation francaise de rugby qui m'exaspere. Comment ont-ils pu accepter une telle horreur? Quelles ont ete les contreparties financieres? Combien faudrait-il leur donner pour qu'il remplace le coq par un aigle tellement plus sexy? Ou la Marseillaise par la Macarena?

Si vous pensez que j'exagere et que ce n'est pas forcement une question d'argent, allez donc jete un oeil sur le site de la FFR, vous y constaterez que le maillot seul est y est vendu pour... 185 euros! (le short est a 73 euros, ce qui en fait probablement le short le plus cher de l'histoire du sport) N'oublions pas que l'un des objectifs affiches par la FFR est de profiter de la coupe du monde pour faire du rugby un sport populaire au dela de son public traditionnel. Nul doute que vendre le maillot de l'equipe de France plus cher qu'une chemise Yves Saint-Laurent est un pas dans la bonne direction!
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10 août 2007

 

Les handicaps d'Hillary

Hillary Clinton est largement en tête de tous les sondages pour la primaire démocrate. Et les récentes erreurs de Barack Obama ne font qu'amplifier la tendance.

Pourtant, je doute fortement de sa future nomination, car je pense qu'elle s'inflige, par son attitude, deux handicaps difficiles à surmonter sur deux sujets particulièrement sensibles: la guerre en Irak et les relations entres la classe politiques et les lobbies.


Premièrement, sur la question cruciale de la guerre en Irak. Comme ses deux principaux rivaux, Hillary considère aujourd'hui que cette guerre était une erreur. Mais contrairement à Obama et Edwards elle ne tire pas les conséquence d'une telle position. Pour Obama, la situation est facile, il est l'un des très rares sénateurs à avoir voté contre le guerre en 2003 (rappel: aux Etats-Unis le président a besoin de l'autorisation du congrès pour envoyer des troupes combattre à l'étranger) Pour Edwards, c'est plus difficile puisqu'il a voté en faveur de la guerre en 2003, mais il s'en est sorti honorablement en regrettant publiquement son vote d'alors et en présentant ses excuses. Hillary Clinton a également voté en faveur de la guerre, mais elle refuse de reconnaître que ce vote était une erreur. Elle commet ainsi une triple faute:

1. Elle défend une position insoutenable: qui peut comprendre que la guerre était une erreur, mais que voter pour la guerre n'était pas une erreur?

2. En argumentant pour défendre sa position, elle s'enfonce. Elle affirme en effet que son vote est la conséquence de son expérience de first lady. Elle se souvient que Bill Clinton avait eu des difficultés immenses pour obtenir du congrès l'autorisation d'intervenir au Kosovo, et, en 2003, elle ne voulait pas mettre le nouveau président dans une situation analogue. C'est une argumentation catastrophique car cela revient à dire que le congrès doit renoncer à son rôle historique de co-détenteur du pouvoir et s'effacer devant le président. C'est en contradiction parfaite avec la lettre et l'esprit de la Constitution américaine, et les pères fondateurs doivent se retourner dans leur tombe quand ils entendent cela. Autrement dit, c'est une conception bushiste de la fonction de président.

3. En refusant de reconnaître son erreur, elle se prive d'un angle d'attaque simple et dévastateur contre ces pauvres candidats républicains qui sont obligés de faire semblant de soutenir Bush tant que la primaires républicaine n'est pas finie (le virage sur l'aile du vainqueur de la primaire au lendemain de sa nomination risque de rester dans les annales du retournement de veste...) En effet, elle pourrait simplement dire: "je me suis trompée car j'ai été trompée, comme l'ensemble du peuple américain, par les mensonges de l'administration Bush-Cheney. On nous disait que Saddam Hussein avait des armes de destructions massives, c'était faux. On nous disait qu'il y avait des preuves de collusion entre Saddam Hussein et Al Qaeda, c'était faux..."

Deuxièmement, sur la question de l'attitude à adopter face aux lobbies. Vu de France, cela peut paraître insignifiant par rapport à la question irakienne, mais quand on connaît le fonctionnement de la politique à Washington on comprend assez vite que c'est peut-être encore plus important! Il n'y a pas, ici, de financement public des campagnes électorales. Il n'y a pas non plus de plafond de dépense électorale. La collecte de fonds auprès de particuliers ou de groupes d'intérêt est donc un enjeu crucial de la vie politique. Ainsi, un sénateur passe une bonne partie de son temps, tout au long de son mandat, à rechercher des sponsors pour sa prochaine campagne. Avec les compromissions que cela entraîne inévitablement... Les compagnies d'assurance, les entreprises pharmaceutiques, les pétroliers, les syndicats agricoles, les marchands d'armes... financent massivement les campagnes électorales de politiciens des deux camps, avec les conséquences néfastes que chacun imagine sur le système d'assurance maladie, la lutte contre l'effet de serre, le protectionnisme agricole ou les dépenses militaires... et encore, je n'aborde pas ici les effets locaux de ce système, on y passerait la semaine!

Tous les candidats démocrates plaident pour un financement public des campagnes électorales pour en finir avec ce système. Bien entendu ce ne sera pas le cas en 2008, Bush, Cheney et leurs bons amis veillent au grain. Face à cette situation, John Edwards a pris une position radicale: il refuse tous financement en provenance des lobbies. Et il attaque ceux qui ne font pas de même. il peut se le permettre grâce à deux nouveautés: l'obligation de transparence qui permet de savoir qui reçoit de l'argent de qui, et la collecte de fonds par internet qui permet à un candidat populaire de financer une campagne de taille raisonnable (Edwards a collecté environ 25 millions de dollars depuis le début de l'année)

Obama a suivi l'exemple d'Edwards. Il aurait tort de s'en priver vue l'incroyable mobilisation de sa base de supporters. Mais Hillary Clinton refuse de s'engager sur cette voie. Ce faisant, elle commet, ici aussi, une triple erreur.

1. Elle s'éloigne de la base du parti démocrate qui en a plus qu'assez de voir comment sont prises les décisions à Washington. Par exemple, Edwards rappelait récemment qu'avant d'arrêter les choix cruciaux en matière de politique énergétique, le Vice-Président Cheney, qui n'est jamais très loin quand il s'agit de pétrole, a organisé des consultations à la Maison Blanche: il a reçu une fois l'ensemble des associations environnementalistes, et 40 fois les groupes pétroliers! Hillary Clinton perd en crédibilité en ne dénonçant pas ce système. Ironiquement elle est pourtant la mieux placée pour connaître le pouvoir de nuisance des lobbies: au cours du premier mandat de son mari, celui-ci lui avait confié le dossier de l'assurance maladie, avec l'objectif, conformément à ses promesses de campagne, d'aboutir à une assurance universelle. Les compagnies d'assurance privées et les entreprises pharmaceutiques avaient alors dépenser 100 millions de dollars en publicité et en lobbying pour faire échouer le plan Clinton. Avec le succès que l'on sait: le congrès avait enterré le projet, et une bonne partie des ambition de la First Lady avec lui.

2. Pire, lorsqu'elle est contrainte de se justifier, elle s'enferme dans des argumentations complètement bancales. Samedi dernier, par exemple, devant les 1500 bloggeurs réunis à Chicago, elle a justifier son attitude par une réponse en deux points: premièrement, certains lobbies représentent de "vrais américains" qui ont des préoccupations légitimes, et de citer le lobby des infirmières et celui des travailleurs sociaux. Deuxièmement tous ceux qui la connaissent peuvent témoigner qu'elle n'a jamais été influencée par les lobbies qui financent ses campagnes. Ce qui revient à dire, comme l'a brillamment souligné l'excellent Jon Stewart que, premièrement, les avis exprimés par les lobbies sont intéressants mais que, deuxièmement, Hillary Clinton se fait un honneur de ne pas en tenir compte... Ouch!

3. Et même si on reconnaît à Hillary une parfaite honnêteté (après tout, rien ne prouve le contraire) qui peut sérieusement croire que tous ces collègues parlementaires font preuve de la même vertu? Soyons sérieux deux minutes, si l'argent des lobbies n'influençait pas les choix des politiques, cela ferait longtemps que lesdits lobbies auraient cessé de financer les campagnes électorales! En refusant la seule façon crédible de combattre ce système, Hillary Clinton se trompe lourdement.

En conclusion, le chemin vers la nomination d'Hillary Clinton comme candidat démocrate risque donc de ne pas être le long fleuve tranquille prédit par certains. Elle donne trop d'angle d'attaque à ses rivaux. Elle s'enferme dans sa propre caricature de politicienne classique, alors que le pays attend le changement, des têtes et des méthodes. Enfin, ce qui est peut-être le plus grave pour elle, les électeurs démocrates pourraient estimer qu'avec ces deux handicaps qu'elle s'impose elle-même, Hillary se prive toute seule de deux armes redoutables contre le futur candidat républicain. Or pour 2008, les démocrates cherchent avant tout un vainqueur...

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07 août 2007

 

Les démocrates débatent, encore et encore

Je suis de plus en plus étonné par la qualité de la campagne qui oppose les 8 candidats à l'investiture démocrate pour la présidentielle 2008.

En 2004 j'avais passé le mois d'Août aux Etats-Unis, pendant la dernière ligne droite vers l'élection présidentielle, et j'étais rentré absolument consterné par le niveau de la campagne. Tout se jouait sur des publicités de 30 secondes diffusées sur les chaînes de télévision et de radio et qui n'abordaient aucun sujet important. Les Républicains se livraient alors à une campagne de haine et de mensonges proprement inouïe dont le point culminant restera l'attaque infâme contre les états de services de John Kerry au Vietnam. Les polémiques issues de ces spots publicitaires phagocytaient les émissions plus sérieuses, ainsi que les débats sur les blogs, puis, j'imagine, ceux entre amis, collègues, membres d'une famille...

La campagne actuelle pour les élections primaires qui se dérouleront à partir de janvier prochain est d'un tout autre calibre.

Les candidats n'arrêtent pas de débattre, en direct, les uns face aux autres. Il y a deux semaines je relatais ici le débat CNN-YouTube. Samedi, 6 des 8 candidats démocrates à la candidatures étaient ensemble face à 1500 blogueurs lors de la convention annuelle "YearlyKos". Et hier soir encore, 7 d'entre eux se trouvaient à Chicago à l'invitation du grand syndicat AFL-CIO.

Certes ces débats sont assez convenus, mais ce sont eux qui donnent le rythme de la campagne, qui lui insufflent une dynamique. Voici un exemple, en quatre temps:

1. Lors du débat sur CNN, suite à une question d'un internaute, Barack Obama a affirmé qu'il s'engageait à rencontrer les dirigeants du Vénézuela, de la Corée du Nord, de Cuba et de l'Iran au cours de la première année de son mandat. Hilary Clinton a répondu qu'elle était favorable au dialogue mais qu'elle ne pouvait pas s'engager sur des rencontres lors de la première année de son mandat. Selon elle une telle affirmation affaiblit la position du Président en lui retirant un levier. Fin de l'escarmouche.

2. Le lendemain, l'équipe de campagne de Clinton dénonce la naïveté d'Obama dans les média et vante en contraste l'expérience de leur championne. Obama rétorque lui-même en qualifiant indirectement Hilary de "Bush-light", ce qui lui est vivement reproché par beaucoup.

3. Pour mettre un terme à cette séquence qui lui est défavorable, Obama prononce quelques jours plus tard un discours sur ses options en matière de lutte contre le terrorisme. Il prend le contre-pied de son image habituelle en tenant un discours de grande fermeté, notamment vis-à-vis du Pakistan. En résumé il se dit prêt à engager des opérations militaires sur le territoire pakistanais s'il a la preuve que le régime de Musharaf ne fait pas le maximum pour détruire les bases d'Al Qaeda qui s'y trouve.

4. Hier soir, lors du débat devant les syndicalistes (retransmis en direct sur MSNBC), la question du Pakistan est posé à tous les candidats. Une fois de plus Hilary se distingue par une leçon de realpolitik expliquant pourquoi il est crucial de ménager Musharaf.

Cet exemple montre que tout part des débats et que tout y revient. Les diversions sur des faux sujets ne polluent presque plus la campagne. Par exemple, John Edwards a subi une attaque ridicule basée sur une vidéo le montrant se coiffant avant une apparition télé. Son équipe a diffusé une vidéo pour contrer le buzz naissant. Les deux ont été très populaires sur YouTube. Mais le phénomène n'est pas allé très loin, et aujourd'hui ce fait insignifiant est oublié par tous.

Bref, pour un débat de qualité, une seule solution: faire parler régulièrement les candidats, les uns face aux autres. Les spins docteurs, communicants et autre publicitaires retournent ainsi dans la marginalité qu'ils n'auraient jamais du quitter. Pourvu que ça dure.



PS: Je n'aborde pas ici la primaire républicaine car j'avoue ne pas avoir le courage et le stoïcisme nécessaire pour écouter Rudy Giuliani plus de trente secondes sans me mettre à hurler comme un cochon qu'on égorge.
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31 juillet 2007

 

Je déclare ouvert le festival du service minimum

Le service minimum garanti dans les transports publics est un de ces sujets qui déclenchent invariablement les raisonnements les plus idiots. Alors que le débat sur ce sujet s'ouvre à l'assemblée, on peut s'attendre à assister à un véritable déluge d'âneries.

Il y a un an, j'avais conclu le festival du CPE en décernant sur ce blog des mammouths d'or aux meilleurs acteurs de cette pièce tragi-comique. Alors que le festival du service minimum ouvre à peine ses portes, une brève revue de presse sur les sites des journaux français fournit déjà de la matière pour de nombreux mammouths d'or.

A l'instar des juges d'une compétition de patinage artistique qui, en début de compétition, n'accordent pas la note maximale à une performance superbe pour laisser ouverte la possibilité d'une performance ultérieure encore supérieure, je ne pensais pas attribuer de mammouths avant le dénouement du drame qui s'annonce.

Une prodigieuse idée me contraint à rompre avec cette attitude prudente et raisonnable. Chers amis, nous tenons un champion.

Cité dans Libération, Nicolas, un jeune cheminot, déclare:
un service garanti existe déjà. La SNCF doit payer des pénalités si un certain pourcentage de trains n'est pas assuré dans la journée"

Nicolas est-il notre champion? Oh que non! Car il n'y a rien d'incorrect dans ce qu'il dit. La région Ile-de-France a en effet mis en place un tel dispositif en accord avec la SNCF. Et ce dispositif a bel et bien été baptisé "service garanti." Le mammouth d'or (ou peut-être celui-là devrait-il être en platine?) est attribué collectivement aux concepteurs de cette mirifique idée! On ne saluera jamais assez les merveilles qui peuvent sortir d'une réunion paritaire entre politiciens trouillards, syndicalistes gaucho-corporatistes et technocrates arrogants.

Décryptons donc ce "service garanti"

1. Qu'est ce qui est "garanti" au juste? Soyons précis: rien.
D'après le dispositif, en cas de conflit entre la direction de la SNCF et les salariés, si l'une des parties - les salariés - déclenchent une grève qui paralyse totalement le réseau, l'autre partie - l'entreprise - doit payer une amende. Comme effet dissuasif, on a connu plus puissant! C'est un peu prêt aussi efficace que d'appliquer une retenue sur salaire aux guichetiers du péage d'une autoroute à chaque fois qu'un automobiliste dépasse la limite de vitesse sur ladite autoroute. Pas sûr que ça améliore beaucoup la sécurité routière...
Il n'y a donc rigoureusement rien dans ce dispositif qui garantisse aux usagers un niveau minimum de service.

2. Pire que cela, non seulement les cheminots ne sont pas empêchés de paralyser totalement le trafic (ce qui constituerait un véritable service minimum garanti), mais au contraire, ce dispositif les encourage à se mettre en grève! En effet, la menace d'une grève totale est encore plus effrayante qu'avant pour la SNCF: en cas de paralysie totale du réseau, non seulement l'entreprise subira les effets néfastes habituels d'un tel mouvement social, en terme de revenus et d'image, mais en plus elle devra payer une amende! La direction de l'entreprise, bonne gestionnaire, a donc encore plus intérêt qu'auparavant à céder aux revendications des syndicalistes qui menacent de faire grève, et ces derniers, fins stratèges, ont donc encore plus intérêt qu'auparavant à utiliser cette menace, et - bien sûr - à la mettre en oeuvre de temps à autre pour rester crédible. Prodigieux!

3. Et ce n'est pas tout! L'usager qui subit les désagréments - plus ou moins importants selon les cas - d'une grève des transports publics a au moins la satisfaction de se dire que quelqu'un est puni pour l'avoir mis dans cette situation. Gageons d'abord que cela lui est complètement égal, mais passons. Et demandons nous plutôt qui paye réellement cette fameuse amende? Réponse la SNCF. Oui, sauf que chaque année la SNCF accuse une lourde perte, et que le trou qui en résulte est systématiquement comblé par une subvention de l'Etat. L'amende pour non respect du service minimum vient donc creuser un peu plus cette perte et alourdir un peu plus la facture annuelle de l'Etat, et donc du contribuable qui n'est autre, vous l'avez compris, que notre brave usager... On touche au sublime!

Bon, c'est vrai, le point 3. ci-dessus est un peu spécieux. La SNCF paye la fameuse amende non pas à l'Etat, mais au STIF (Syndicat des Transports d'Ile de France, géré par la région Ile-de-France) En cas de grève des transports à Paris c'est donc en bonne partie le contribuable de province qui est sanctionné et qui doit verser une obole à la région Ile-de-France. On pourrait considérer que c'est encore plus stupide et plus choquant, mais n'en jetons plus et délectons nous plutôt du merveilleux spectacle qui s'annonce avec le festival du service minimum. Le jury des mammouths d'or risque de faire face à des choix difficiles pour désigner les lauréats.


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27 juillet 2007

 

Tour de France: la dernière chance?

Le départ sous les quolibets de Rasmussen marque-t-il, comme l’anticipe Libération ce matin “la mort du Tour”?

La mort de l’édition 2007, c’est une certitude, le classement général n’a plus aucun sens. Même si Contador était propre (rires enregistrés…) sa probable victoire devrait beaucoup au temps gagné lors d’echappées pendant lesquelles il profitait des relais surnaturels de Rasmussen.

La mort du Tour de France en général, peut-être pas. Il y a à mon avis encore un motif d’espoir. L’attitude des coureurs est en train de changer.


En 1998, suite a l’affaire Festina, les coureurs, sous l’impulsion de cette pharmacie ambulante de Jalabert, s’était mis “en grève” pendant une demi étape pour protester contre… les perquisitions de la brigade des stups, et donc contre la lutte anti-dopage. L’omerta était totale et le pauvre Christophe Basson appri lors des éditions suivantes le sort que réservent les mafieux à ceux qui les trahissent.

9 ans plus tard, contrairement à un lieu commun en vogue, bien des choses ont changé. Une partie significative du peloton se désolidarise des coureurs dopés. Et si, cette fois encore, une mini grève a été organisée c’était pour protester contre les dopés qui truquent la course et décrédibilisent les performances de tous. C’est un progrès immense.

Le dopage dans le cyclisme est le produit d’un système qui associe coureurs, médecins, organisateurs de course, dirigeants d’equipe, sponsors, média et public. Pour que le système s’effondre, il faut qu’un des maillons de la chaine fasse défaut. Oui, mais lequel?

Versac pense que les sponsors pourraient jouer ce role. Je n’y crois pas vraiment. Si un sponsors menace de se retirer à cause du dopage, il sera remplacé par un autre, moins regardant.

Les enterprises en quête de publicité bon marché, ce n’est pas une denrée rare. De même que les pharmaciens véreux, les dirigeants corrompus, et les spectateurs naifs.

Des denrées rares, dans le cyclisme, il n’y en a que deux: les coureurs et les chaines de télévision.

Evacuons rapidement les télés, tant la corruption morale semble être chez ceux qui y travaillent une seconde nature. Quand on pense que France Télévision, chaine de service public, emploie Laurent Jalabert, le Parrain du dopage organisé, comme consultant, on sait qu’il n’y a rien à espérer de ce coté là.

Reste donc les coureurs. S’il se confirme qu’ils sont prets à refuser le dopage, alors l’espoir existe car ils ne pourront pas etre remplacés facilement par d’autres. Il y a certes un grand nombre de jeunes sportifs qui ont les capacités physiques pour courir le Tour de France, mais combien parmi eux ont la volonté et la résistance a la souffrance nécessaire pour y parvenir? Pas beaucoup! Si les coureurs sont capables de s’organiser collectivement, par exemple en créant un syndicat, pour exiger un suivi médical ultra-strict et indépendant des fédérations et des équipes - de tous les coureurs participant au tour pendant toute l’année précédent l’épreuve, alors la crédibilite du tour pourra être restaurée.

Il est paradoxal que la responsabilité de mettre un terme à un système criminel repose sur les épaules de ses principales victimes, mais cela semble être notre seule chance de sauver ce monument de la culture populaire francaise qu’est le tour de France.
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