14 février 2006

 

Et le "professionalisme" Bernard!

Samedi à l'issue d'un match du tournoi des VI nations péniblement gagné contre l'Irlande, Bernard Laporte, l'entraineur de l'équipe de France, a utilisé une ruse vieille comme le monde pour que la question de sa responsabilité dans le piètre jeu développé par l'équipe de France ne soit pas au centre des débat: il a provoqué un scandale artificiel en traitant les spectateurs de "bourgeois de merde" parce qu'ils avaient eu l'outrecuidance de sifler (timidement) Fréderic Michalak à sa sortie du terrain sur remplacement. Et ça a marché comme sur des roulettes, on a beaucoup plus parlé de cet écart de langage que du fait que l'entraineur du XV de France avait aligné Michalak alors que celui-ci était diminué par une blessure aux aducteurs.

J'étais au stade et, sur le coup, j'ai trouvé le public sévère, même si Michalak avait balancé une série de coups de pieds dévissés assez lamentables en deuxième mi-temps. Je n'ai donc pas participé à la bronca contre Michalak et je ne le regrette pas. En revanche j'ai participé à la bronca contre Bernard Laporte lors de l'annonce de la composition des équipes, et je ne le regrette pas non plus. Je n'aime pas la façon dont Laporte fait jouer l'équipe, et je ne vois pas au nom de quoi je me priverais de le dire.

Pour justifier le manque d'ambition et de panache du jeu pratiqué par les bleus depuis sa prise de fonction, Laporte a pour habitude de se réclamer du professionnalisme. Apparemment, pour lui, être professionnel cela consiste à faire en sorte que le public s'ennuie au stade. Drôle d'idée.

Je pense qu'il serait bon de rappeler à Laporte une autre conséquence du professionnalisme, beaucoup plus réelle celle-là. Dans le sport amateur, les athlètes sont rois. Mais dans le sport professionnel, c'est le public qui est roi, car c'est lui qui fait tourner la boutique. Et oui, Bernard, si tu peux invoquer le professionnalisme à chaque fois que tu croises un micro, c'est grâce à ce public de "bourgeois de merde" comme tu dis! Tu ferais bien de t'en souvenir...

Ajoutons que si Laporte n'est pas satisfait de la sociologie du public, il devrait commencer par le dire à son patron, le président de la fédération. En effet, c'est lui qui est responsable du tarif très élevé de la moindre place et , beaucoup plus grave, c'est lui qui est responsable de la distribution d'une très large partie des places aux sponsors de la fédérations et à toute sorte de réseaux, ce qui a trois conséquences:
- D'abord le stade est rempli de "VIP" qui connaissent à peine les règles.
- Ensuite les passionnés ont le plus grand mal à trouver des places en vente
- Enfin le marché noir prospère au abords du stade car plein de gens se retrouvent avec en main des tickets pour un spectacle qui ne les intéresse pas.

Allez je l'avoue, Bernard Laporte m'exaspère, comme tous les fortiches de la communication. Mais je ne lui en veux pas et je me mets dès à présent en quête de deux places pour le match contre l'Angleterre! Le public ne l'aime pas et il n'aime pas le public, c'est comme ça. Tant qu'il n'insulte pas les arbitres, l'honneur est sauf!


|

<< Home