10 avril 2006

 

Quand DSK vole au secours de la victoire

Les élections se succèdent et le flair politique de DSK s'affine. Il y a 6 mois il expliquait dans une note que la grande perdante des élections allemandes était Angela Merkel et hier il félicitait Romano Prodi pour son triomphe dès 18h et il annonçait aux lecteurs de son blog qu'il sautait dans le premier avion pour aller célébrer cette victoire à Rome.

Le coup n'est pas passé loin!

La précipitation de DSK mérite toutefois de se voir accorder quelques circonstances atténuantes: les média français avaient en effet annoncé la victoire de la gauche italienne. Mais ces circonstances atténuantes sont vraiment légères tant l'annonce prématurée de résultats électoraux étrangers est devenu chez nous une figure obligée. Le premier exemple dont j'ai souvenir remonte aux élections israeliennes de 1996 qui avaient vu la victoire de Netanyahou sur Shimon Péres. L'exemple le plus récent étant constitué par la réelection de Bush face à Kerry.

Ces précédents historiques présentent d'ailleurs des similitudes étonnantes. Dans les trois cas les candidats dits "de droite" ont été présentés dans tous les média français (y compris ceux dits "de droite") comme des figures de l'antéchrist, des incarnation humaine du mal. Bibi, W et Berlu: le coté obscur de la force. En revanche les candidats dits "de gauche" (qui eux n'ont pas droit à des diminutifs) Peres, Kerry et Prodi étaient présentés comme des hommes compétents, raisonnables, responsables... Bref, dans les trois cas, l'intelligentia française avait porté son jugement, forcément définitif : les braves imbéciles d'électeurs de ces pays ignares allaient forcément voté comme elle le préconisait, c'était le bon sens.

Dans les trois cas il n'y avait pas de match, et dans les trois cas les rédactions avaient préparé leurs dossiers pour célébrer la victoire du héros annoncé. Conséquence, lorsque des sondages très partiels ont semblé leur donner raison, elles ont enclenché la machine, comme prévu.

Ce phénomène est doublement inquiétant.

Inquiétante d'abord, l'arrogance que traduisent ces comportements. Le microcosme médiatique Français qui porte aujourd'hui Ségolène Royal aux nues, qui observe la folle carrière d'un incapable comme Chirac, qui tolère l'imposture Villepin, bref dont la consanguinité avec la classe politique la plus affligeantes de toutes les grandes démocraties est connue, ce microcosme médiatique là se permet de dire sans contestation possible ce qui est bien et ce qui est mal dans les autres pays. Plus qu'inquiétant, effrayant.

Inquiétant ensuite pour ce que cela nous apprend sur la qualité de l'information que l'on reçoit. Ces exemples prouvent que les média voient ce qu'ils ont envie de voir, sans se soucier de la réalité. Dans le cas des élections, ils se trouvent rapidement rattrapés par ladite réalité, en l'occurence par la publication des résultats officiel par le ministère de l'intérieur local. Mais dans le cas d'autres évènements, plus difficilement confrontables à des faits objectifs? Ils ne prennent sans doute même pas la peine de corriger leurs erreurs...

Arrogance, irresponsabilité et incompétence, un cocktail explosif!

PS: si quelqu'un a une photo de DSK à la descente de l'avion, je suis pret à lui échanger contre l'album panini de la saison 86-87 du championnat de France de football entièrement rempli.



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