07 août 2007

 

Les démocrates débatent, encore et encore

Je suis de plus en plus étonné par la qualité de la campagne qui oppose les 8 candidats à l'investiture démocrate pour la présidentielle 2008.

En 2004 j'avais passé le mois d'Août aux Etats-Unis, pendant la dernière ligne droite vers l'élection présidentielle, et j'étais rentré absolument consterné par le niveau de la campagne. Tout se jouait sur des publicités de 30 secondes diffusées sur les chaînes de télévision et de radio et qui n'abordaient aucun sujet important. Les Républicains se livraient alors à une campagne de haine et de mensonges proprement inouïe dont le point culminant restera l'attaque infâme contre les états de services de John Kerry au Vietnam. Les polémiques issues de ces spots publicitaires phagocytaient les émissions plus sérieuses, ainsi que les débats sur les blogs, puis, j'imagine, ceux entre amis, collègues, membres d'une famille...

La campagne actuelle pour les élections primaires qui se dérouleront à partir de janvier prochain est d'un tout autre calibre.

Les candidats n'arrêtent pas de débattre, en direct, les uns face aux autres. Il y a deux semaines je relatais ici le débat CNN-YouTube. Samedi, 6 des 8 candidats démocrates à la candidatures étaient ensemble face à 1500 blogueurs lors de la convention annuelle "YearlyKos". Et hier soir encore, 7 d'entre eux se trouvaient à Chicago à l'invitation du grand syndicat AFL-CIO.

Certes ces débats sont assez convenus, mais ce sont eux qui donnent le rythme de la campagne, qui lui insufflent une dynamique. Voici un exemple, en quatre temps:

1. Lors du débat sur CNN, suite à une question d'un internaute, Barack Obama a affirmé qu'il s'engageait à rencontrer les dirigeants du Vénézuela, de la Corée du Nord, de Cuba et de l'Iran au cours de la première année de son mandat. Hilary Clinton a répondu qu'elle était favorable au dialogue mais qu'elle ne pouvait pas s'engager sur des rencontres lors de la première année de son mandat. Selon elle une telle affirmation affaiblit la position du Président en lui retirant un levier. Fin de l'escarmouche.

2. Le lendemain, l'équipe de campagne de Clinton dénonce la naïveté d'Obama dans les média et vante en contraste l'expérience de leur championne. Obama rétorque lui-même en qualifiant indirectement Hilary de "Bush-light", ce qui lui est vivement reproché par beaucoup.

3. Pour mettre un terme à cette séquence qui lui est défavorable, Obama prononce quelques jours plus tard un discours sur ses options en matière de lutte contre le terrorisme. Il prend le contre-pied de son image habituelle en tenant un discours de grande fermeté, notamment vis-à-vis du Pakistan. En résumé il se dit prêt à engager des opérations militaires sur le territoire pakistanais s'il a la preuve que le régime de Musharaf ne fait pas le maximum pour détruire les bases d'Al Qaeda qui s'y trouve.

4. Hier soir, lors du débat devant les syndicalistes (retransmis en direct sur MSNBC), la question du Pakistan est posé à tous les candidats. Une fois de plus Hilary se distingue par une leçon de realpolitik expliquant pourquoi il est crucial de ménager Musharaf.

Cet exemple montre que tout part des débats et que tout y revient. Les diversions sur des faux sujets ne polluent presque plus la campagne. Par exemple, John Edwards a subi une attaque ridicule basée sur une vidéo le montrant se coiffant avant une apparition télé. Son équipe a diffusé une vidéo pour contrer le buzz naissant. Les deux ont été très populaires sur YouTube. Mais le phénomène n'est pas allé très loin, et aujourd'hui ce fait insignifiant est oublié par tous.

Bref, pour un débat de qualité, une seule solution: faire parler régulièrement les candidats, les uns face aux autres. Les spins docteurs, communicants et autre publicitaires retournent ainsi dans la marginalité qu'ils n'auraient jamais du quitter. Pourvu que ça dure.



PS: Je n'aborde pas ici la primaire républicaine car j'avoue ne pas avoir le courage et le stoïcisme nécessaire pour écouter Rudy Giuliani plus de trente secondes sans me mettre à hurler comme un cochon qu'on égorge.


|

<< Home